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Explorer les abysses : notre immersion en apnée

  • chloe67523
  • 3 nov.
  • 8 min de lecture

Freediving
Crédit photo : Maxime Souverain

Chez Abyss, l’univers marin n’a (presque) plus de secrets pour nous. Mais cette fois, nous avons voulu sortir un petit peu de notre zone de confort pour explorer un sujet toujours lié à la mer, mais que nous maîtrisons moins : l’apnée.

 

Vous l’avez peut-être vu passer : nous soutenons Charlie, notre doctorant en R&D, dans sa pratique de l’apnée, notamment lors de l’événement « Cormorant Free Diving Week ».

On vous en dit plus ! 👇

 

Le Cormorant Free Diving est un centre d’apnée situé à Ajaccio, en Corse, développé en 2021 par Abdel Allouach et Chantal Marzin, deux figures renommées de l’apnée. Le centre accueille passionnés, amateurs et professionnels souhaitant s’immerger dans cette discipline qu’est l’apnée en milieu naturel. Aujourd’hui, nous sommes ravis de vous faire découvrir cet univers fascinant et de partager avec vous le retour d’expérience de Charlie, entre entraînements pratiques, cours théoriques et compétition.


Qu'est-ce que l'apnée ?


L’apnée sportive désigne un ensemble d’activités réalisées lors d’un arrêt volontaire de la ventilation, c’est-à-dire lors de l’arrêt du renouvellement de l’air qui nous entoure au sein de notre corps.

 

Le plus souvent, l’apnéiste pratique dans un milieu aquatique où s’inscrit naturellement un environnement propice à cet arrêt ventilatoire.

 

À noter : Le mot respirer est souvent employé à tort lorsqu’il s’agit de ce sport, car ce processus qui désigne les échanges gazeux s’opérant dans nos poumons au niveau de nos alvéoles pulmonaires, perdure bel et bien lorsque l’on pratique l’apnée


Les différents types d'apnée


L’apnée se décompose en différentes pratiques, selon le matériel utilisé et le cadre dans lequel elle est pratiquée.

 

On peut alors distinguer :

 

  • L’apnée « Indoor », où le but est ici de réaliser la meilleure performance de temps (Apnée statique) ou de distance (Apnée Dynamique) en piscine. Pour l’apnée dynamique, plusieurs sous disciplines peuvent être définies en fonction du matériel employé : palmes (DYNB : dynamique Bi palme), monopalme (DYN : dynamique) ou sans palmes (DNF : Dynamic no fins).


  • L’apnée « Outdoor », où il s’agit le plus souvent d’évoluer en profondeur en milieu naturel. Là encore plusieurs sous disciplines sont décrites selon le matériel utilisé pour la plongée. Pour l’apnée Outdoor, s’ajoute aux sous disciplines de l’apnée Indoor la notion de poids constant ou poids variable, l’immersion libre (FIM : free immersion) où l’apnéiste évolue uniquement en se tractant sur un câble, et le « no limit » où un appareil nommé « gueuse » se charge d’emmener le pratiquant en profondeur et de le remonter. C’est la pratique mise en scène dans le célèbre film de Luc Besson « Le Grand Bleu ».


Freediving
Crédit photo : Maxime Souverain


Freediving
Crédit photo : Maxime Souverain

Que se passe-t-il physiologiquement lors d'une apnée ?


L’air qui nous entoure, composé approximativement à 79% d’azote (N2) et 21% d’oxygène (O2) permet de fournir à notre corps le support vital pour son fonctionnement. Lorsque nous respirons, l’oxygène est consommé et du dioxyde de carbone (CO2) est produit comme déchet, puis rejeté.

 

Lorsque la ventilation est volontairement interrompue, ces échanges gazeux perdurent, ce qui implique inévitablement deux conséquences dans notre corps :

  • La diminution du taux d’O2, puisque celui-ci est consommé et non renouvelé.

  • L’augmentation du taux de CO2, du fait de sa non-élimination.

  • Si le manque d’oxygène est perçu, à tort, comme la raison principale de la rupture d’une apnée, c’est plutôt le haut taux en dioxyde de carbone et son intolérance qui donne à l’apnéiste l’envie irrésistible de respirer.

 

Si le corps humain n’est à première vue pas particulièrement adapté pour évoluer en milieu aquatique, il n’en est pas moins un mammifère ayant hérité de capacités d’adaptation remarquables pour survivre dans des situations propices à l’apnée :

 

  • Lors de l’immersion (plus précisément, lors du contact du visage avec de l’eau froide), le cœur ralenti (bradycardie) et le sang se concentre davantage vers les organes essentiels pour les oxygéner (vasoconstriction périphérique). Ce phénomène est appelé réflexe d’immersion, ou Diving reflex.

  • En apnée Outdoor, lorsque la pression est telle que les poumons atteignent leur volume résiduel (volume où ils deviennent incompressibles), du sang se concentrent dans ses tissus afin de contrebalancer cette pression et d’éviter « l’implosion » des poumons. Ce phénomène est appelé Blood shift


Quels sont les risques ?

 

Comme tout sport, l’apnée n’est pas une activité sans risques. Néanmoins, si ces risques peuvent paraître importants et impressionnants, la pratique encadrée et disciplinée de l’apnée permet de minimiser considérablement ces risques.


 

Les principaux risques en apnée sont les suivants :

 

Infographie sur les risques de l'apnée


Retours sur la semaine de Charlie


Charlie nous confie : « L’objectif de cette semaine pour moi était de pratiquer, progresser, et apprendre de nouvelles techniques ou astuces dans une démarche d’amélioration continue de mes performances. J’y suis allée dans un esprit de découverte et de perfectionnement, en sachant que j’étais encadrée par des encadrants plus que compétents et performants et une structure formée ».



Une journée type au Cormorant Free Diving


La semaine s’articulait autour de 5 jours d’entrainements et 2 jours de compétition organisée par l’AIDA (International Association for the Development of Apnea).

 

Le 1er jour a été plutôt dédié au briefing de la semaine et règles relatives au club afin d’assurer la semaine dans de bonnes condition.

 

Une journée à Ajaccio commence à 8h30, heure de départ en bateau semi-rigide pour aller rejoindre la plateforme de performance du club, située au milieu de la baie d’Ajaccio atteignant une profondeur de 180 à 190 mètres. 🌊

 

Après un échauffement, la session de plongée débute à 9 h et se poursuit jusqu’à 11 h. Chacun peut alors plonger à la profondeur de son choix, voire tenter le câble de performance, un dispositif reproduisant les conditions d’une véritable compétition. 🏆


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Crédit photo : Maxime Souverain

 

Participer à une session sur le câble de performance implique toutefois un protocole précis : il faut annoncer sa participation la veille en indiquant une performance, noter son ordre de passage, effectuer son échauffement le jour J, puis réaliser sa performance 💪 avant de conclure par le protocole de sécurité en surface — comme lors d’un championnat officiel.


Tout au long de la séance, les participants sont accompagnés et surveillés par des coachs expérimentés, garants de leur sécurité et toujours présents pour partager leurs conseils.

Fin de la séance pratique, places aux cours théoriques ! 📚



Se perfectionner sur la terre ferme


Et oui, la Cormorant Free Diving Week, ne se limite pas à la pratique en milieu naturel, elle s’accompagne de conférences théoriques pour permettre aux apnéistes d’obtenir toutes les clés et astuces pour améliorer leur technique et leurs performances.

 

Vous l’aurez compris, pas de sieste l’après-midi, puisque la semaine a donc également été rythmée par 3 conférences.

 

Le 1er cours théorique 🧑‍🏫 s’est concentré sur les bases de l’apnée : ici, il s’agissait de revoir le béaba de l’apnée en profondeur 🤿, les différentes techniques de ventilation, l’immersion, le palmage, la compensation (équilibrage des oreilles), le virage en bas du câble de performance et la remontée. Que d’outils et d’axes d’amélioration pour les entrainements à suivre.

 

Le 2ème cours théorique 🧑‍🏫 s’est axé sur la compensation : la compensation, bien qu’il ne soit pas le seul, est un point crucial dans la pratique de l’apnée. Le cours avait donc pour objectif d’expliquer physiologiquement ce qu’il se passait au moment de la compensation.

 

Concrètement, la compensation permet d’équilibrer la pression entre l’extérieur et l’intérieur du corps, notamment au niveau des oreilles 👂 et des sinus. En descendant, la pression de l’eau augmente et s’ajouté à cela une dépression dans l’oreille interne qui « aspire » le tympan, ce qui peut devenir douloureux. Pour éviter cela, l’apnéiste doit envoyer de l’air depuis ses poumons vers les oreilles grâce à diverses techniques comme la manœuvre de Valsalva (nez pincé, on pousse de l’air des poumons) ou encore Frenzel (on pousse de l’air confiné dans la cavité buccale).


La compensation est un point assez difficile de l’apnée, car plus la plongée se fait en profondeur plus il est difficile de déplacer un volume d’air suffisant pour équilibrer les tympans. Le cours a également abordé d’autres aspects cruciaux tels que la raison pour laquelle il faut compenser, les freins à la compensation…

 

Petit tips en rien que pour vous l’un des principaux freins à la compensation est… le stress (tiens-tiens ça faisait longtemps) et ce qu’il implique : difficultés à se détendre, crispation etc…

 

Enfin, le 3ème et dernier cours théorique 🧑‍🏫 portait sur l’importance du mental dans l’apnée : ici ont été abordé les 4 piliers du mental, l’importance du mental et ce qui pouvait le freiner dans l’apnée, des techniques de relaxation 🧘 telles que la cohérence cardiaque. Des conférences précises et particulièrement intéressantes, avec cerises sur le gâteau des informations prouvées cliniquement par la science.

 


Les performances de Charlie


Jour 1 : PB (Personal Best) annoncé à 26 mètres -> objectif atteint ✅


Jour 2 : PB (Personal Best) annoncé à 30 mètres -> objectif atteint ✅


Jour 3 : Charlie passe au câble de performance avec une performance annoncée à 25 mètres -> objectif atteint ✅. Il réalise ensuite une deuxième performance à 33 mètres sur une bouée d’entrainement.


Ici Charlie nous explique avoir volontairement mis une performance plus faible, pour pouvoir se concentrer sur sa technique et se mettre en condition pour la compétition.


Jour 4 : 30 mètres annoncé -> objectif atteint ✅ + petite séance photo pour se récompenser. 📸


Jour 5 : Charlie passe au câble de performance avec un PB (Personal Best) annoncé à 35 mètres -> objectif atteint. ✅


Une des règles en apnée et qu’en compétition, on ne peut pas annoncer un PB de plus de 5 mètres que son PB actuel. Ici, le but était donc d’atteindre le PB à 35 mètres pour pouvoir annoncer 40 mètres à la compétition. L’objectif était aussi de perfectionner le travail du début de semaine. Cette session a été « incroyable » pour Charlie, beaucoup de belles sensations et une prise de confiance pour la compétition. 😍


Il a ensuite enchainé avec un peu de travail en immersion libre (traction au cable) et brasse dynamique sans palme.

 

Après cette dernière session d’entrainement, retour à la base pour briefing de la compétition (déroulement, règles de sécurité…).



La compétition


C’est le grand jour, les dauphins n’ont qu’à bien se tenir ! 🐬

🎙️Qui de mieux placé que Charlie lui-même pour nous parler de la compétition :


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Crédit photo : Maxime Souverain

 

« Pour la compétition j’avais annoncé un PB à 40 mètres donc une grande première pour moi. J’étais un peu stressé, mais bien préparé. La veille et le matin même je m’étais entrainé sur la terre ferme à faire de la visualisation. Allongé dans mon lit, chrono en main, et je partais en apnée en m’imaginant être sous l’eau, en compensant et en appliquant les mêmes gestes et le même protocole que lors d’une plongée.

 

Le jour j, j’arrive pour m’échauffer, je pars pour 2 descentes (avec une pause de 6-7minutes entre chaque descente) en faisant un arrêt statique de 30 secondes à environ 20 mètres de profondeur tout en imaginant aller jusqu’à 40 mètres. Je remonte et pratique le protocole de sécurité afin de prendre les bons automatismes.

 

Vient ensuite le travail du mental, je me mets dans ma bulle, je m’ancre dans l’instant présent. Les juges donnent le top départ, j’ai 30 secondes et pas une de plus pour partir. ⏱️


C’est parti, immersion palme, j’atteins les 15-20 mètres et je commence à couler à cause de la pression (ce qui est normal). La compensation devient compliquée vers 36 mètres, j’ai failli faire demi-tour, mais je me détends, je compense et ça passe. J’arrive aux 40 mètres, j’attrape le tag blanc (obligatoire pour valider la performance), puis je commence à remonter.


J’aperçois l’apnéiste de sécurité à 20 m puis à 15m puis je sors, je fais le protocole de sécurité et le juge m’accorde carton blanc : la performance est validée ! » 🤩


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Crédit photo : Maxime Souverain

Le mot de la fin de Charlie

 

« C’était une expérience incroyable 😍, ça m’a d’autant plus donné envie de pratiquer. C’est presque addictif, car quand j’ai fait la performance, je n’ai pas pu m’empêcher de penser que j’étais capable de faire plus, j’avais envie de voir jusqu’où je pouvais aller. Mais chaque chose en son temps. En apnée, même si on a une certaine aisance, c’est important de ne pas progresser trop vite pour laisser le corps s’adapter, sinon cela comporte des risques pour les poumons, tympans et autre. »



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